Marguerite est une fillette âgée de 8 ans qui aime courir, s’agiter, manger du chocolat et des glaces, jouer sur l’ordinateur, regarder des DVD, rire, chanter. Une fillette comme les autres, en somme, mais pas tout à fait : Marguerite est atteinte d’asthme. Une maladie courante qui touche près d’un enfant sur dix, une fréquence qui lui confère la position de première pathologie chronique en pédiatrie.
L’asthme de Marguerite a débuté avant qu’elle ne fête son cinquième anniversaire, comme dans la moitié des cas chez l’enfant. Son origine est allergique : la fillette est sensible à des pollens et certains virus, aux poussières de maison et aux poils de chat. Elle prend un traitement de fond et a toujours sur elle un médicament d’urgence en cas de crise.
Comme elle adore bouger, ses parents l’ont inscrite dans un club de sport depuis un an. Au début ils étaient un peu inquiets car ils craignaient la survenue de crises d’asthme, en dépit des paroles rassurantes de leur médecin. En fait, ils ont constaté tout l’inverse : l’activité physique a été bénéfique à la santé de leur fille !
De fait, les chercheurs ont montré depuis de nombreuses années que non seulement l’activité physique régulière améliore la condition physique et contribue à la régulation du poids corporel, mais en plus elle diminue la sévérité de la maladie, en particulier celle des crises. En outre, le nombre d’hospitalisations, de consultations médicales, d’usage quotidien de médicaments antiasthme et l’absentéisme scolaire seraient diminués.
Pourtant de nombreux enfants asthmatiques font moins d’activité physique que leurs pairs non-asthmatiques. La raison essentielle est une interdiction parentale. Selon une étude britannique récente, ces parents considèrent l’activité physique comme un risque à gérer plutôt que comme un bénéfice potentiel pour la santé de leur enfant. Cette attitude n’est pas propre à l’Europe : on estime qu’en Chine, par exemple, seul un tiers des enfants asthmatiques font autant de sport que les guides de bonne pratique médicale le recommandent. Quel dommage !
Cela dit, si bouger est bénéfique pour l’enfant asthmatique, encore faut-il prendre quelques précautions. La toute première est de suivre son traitement médical à la lettre. Ainsi, des pédiatres danois viennent de montrer qu’un asthme mal contrôlé est une source de diminution de l’activité physique. La seconde est que l’enfant se sente en forme le jour où il pratique. Inutile de le forcer au prétexte que « c’est bon pour sa santé » !
Ensuite, il convient d’éviter l’exposition à un facteur pouvant déclencher une crise. Par exemple les périodes de pollinoses en cas de pratique en extérieur, le froid (des températures inférieures à – 5°C par exemple), les pics de pollution aérienne, l’équitation (en cas d’allergie aux squames de chevaux). A cela s’ajoute une contre-indication absolue : la plongée sous-marine en bouteille (l’apnée peut être pratiquée). Enfin, certaines disciplines sont plus asthmogènes que d’autres, comme le sprint en athlétisme. Quant à la natation, il ne faut certes pas s’en priver ! Toutefois, l’exposition répétée de jeunes enfants à une eau traitée par le chlore est actuellement l’objet d’un débat parmi les spécialistes, car il pourrait y avoir des effets négatifs. Or, la grande majorité des piscines publiques ou privées recourt à ce produit. Seules quelques irréductibles n’en veulent pas, comme celle de Sélestat (Bas-Rhin).
Ainsi, un enfant dont l’asthme est bien contrôlé et qui respecte les quelques principes ci-dessus a tout intérêt à faire une activité physique ou sportive : pour sa santé, pour sa croissance, pour sa scolarité et pour se faire plaisir !
Et puis aussi pour la santé de ses parents, lesquels ne manqueront pas de l’encourager en l’accompagnant activement dans sa pratique!
Patrick Laure
Médecin conseil à la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale de Lorraine.
British Journal of General Practice 2010;60(577):e319-26.
World Journal of Pediatrics 2010;6(3):238-43
Allergy 2010;65(11):1464-71
European Respiratory Journal 2010;36(1):41-7
Pediatric Pulmonology 2009;44(1):31-7.
Respirology 2009;14(6):838-42.
merci à Lorette d'avoir sollicité Monsieur Laure
Un grand MERCI à Patrick Laure qui a gentillement proposé son aide et nous a écrit cet article !!
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