lundi 13 septembre 2010

Pascal, directeur d'école maternelle et ses petits poussins PAI...

Ah, la rentrée...
Même après trente années d'enseignement la rentrée reste un moment délicat quand on est comme moi directeur d'une petite école maternelle. Il faut réussir à préparer son année scolaire avec sa classe, et en parallèle préparer celle de l'école. Et personne ne peut vraiment imaginer ce que ça signifie s'il ne l'a pas déjà fait: vérifier les locaux, les travaux faits -ou non-  par la Mairie pendant l'été, les fournitures arrivées -ou non- qui sont à répartir, la multiple paperasse à renvoyer un peu partout pour l'avant-veille dernier délai, les PAI à faire ou à refaire...

Les PAI...

J'ai connu l'époque où ceux-ci n'existaient pas. On n'accueillait tout simplement pas à l'école les enfants atteints d'une affection lourde. J'ai depuis plusieurs années une petite fille diabétique dans mon école; il y a seulement vingt-cinq ans elle n'aurait été scolarisée que dans un établissement spécialisé! Ce qui aujourd'hui nous parait aberrant était alors la règle. Je me souviens très bien de la première fois qu'il m'a fallu accueillir dans ma Grande Section un enfant un peu différent, un garçon sourd et appareillé des deux oreilles. Quelle appréhension! On parlait pas de protocole d'accueil ces années là, et le dialogue avec la famille, sans support médical, fut -pardonnez-moi cette mauvaise plaisanterie- un dialogue de sourds. Pour finalement découvrir qu'en dehors de quelques  attentions particulières, comme de bien me tourner vers lui lorsque je lui parlais, cet enfant avait parfaitement sa place dans ma classe. Ce fut une leçon profitable qui me fit militer pour l'intégration du handicap et des affections lourdes au sein de l'école publique.

Mon premier PAI comme directeur fut aussi un moment particulier. Cette procédure un peu solennelle fut une épreuve pour moi comme pour la famille, avec un décorticage précis des devoirs et des responsabilités de chacun. Là aussi ce fut pour découvrir rapidement qu'en fin de compte, en dehors encore une fois d'attentions particulières pendant le temps de classe -attentions auxquelles on s'habitue très vite-, l'intégration de cet enfant était une pleine réussite.

Je viens il y a quelques jours de renouveler deux PAI, et d'en lancer un troisième: un diabète grave avec une petite fille appareillée, et deux problèmes d'allergies multiples. Ce qui il n'y a que quelques années m'apparaissait comme une procédure lourde me semble maintenant un grand bienfait, qui nous permet d'accueillir de petits élèves aux difficultés multiples. Surtout, pour ce qui concerne l'école, la collègue qui accueille l'enfant et moi-même savons parfaitement sur quel pied danser. Et nous savons aussi maintenant qu'il n'est pas nécessaire de tout bousculer de nos habitudes de travail. Nous pouvons changer ceci, ou cela, nous savons pourquoi, et, lorsque qu'après quelques semaines la confiance est pleinement établie entre la famille et l'école, lorsque que l'enfant intégré de cette façon nous fait son plus beau sourire, nous savons à quel point le jeu de cet accueil vaut la chandelle de ces quelques efforts adultes.



Pascal
  

1 commentaire:

  1. merci du fond du coeur Pascal pour ce témoignage beau et rassurant, pour l'espoir qu'il donne à tous les parents qui se bagarrent à chaque rentrée et même toute l'année pour que leurs enfants soient accueillis comme tous les autres enfants...
    Merci merci...
    Et revenez nous raconter votre quotidien avec ces petits de temps à autres ;)

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Vos ptites causeries c'est par là...

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