jeudi 20 janvier 2011

Dors mon petit, demain sera meilleur

Nos tout petits ont un peu de Pinocchio... fragilité et sagesse à la fois
"Il y a quelques temps j’écrivais cet article à la demande d’une hérissonne :
Comment commencer cet article ?
Parler de cette maman qui voulait que je l’écrive ? Parler de Chiara et des périodes où elle refuse de manger blasée, lassée, fatiguée ? Comparer avec mon deuxième ?
Oui, tiens commençons par comparer ! Mon petit « deuzan » croque littéralement la vie à pleines dents. Découvrir c’est la chose la plus merveilleuse au monde ! Il mange de tout et veut tout goûter. Mais voilà pour Chiara la découverte  rime avec danger. Voici le poème de tous les enfants allergiques alimentaires : faire rimer des mots qui ne devraient pas rimer entre eux…

Voici un poème que j’ai écrit :

Mange mange mon petit
Après on ira au lit

Mais maman j’ai peur
Peur d’avoir mal tout la nuit
Et même si tu me serres contre ton cœur
Manger pour moi peut être si douloureux
Manger pour moi peut être si dangereux

Maman je n’ai pas peur des monstres et des démons
J’ai peur de ce qui ne se voit pas
Et qui frappe mon corps comme un boulet de canon
J’ai peur des bonbons et des chocolats

Maman ne me force pas à manger
Ne m’oblige pas à découvrir ce que je ne connais pas
Prends-moi juste dans les bras
Fais-moi confiance et laisse-moi gérer

Dors dors dors mon enfant
Dans ton lit tout blanc
Viens demain sera meilleur
Je te le promets du fond de mon cœur
Viens et ne pense à rien
N’aie pas peur des lendemains

            Nous sommes de nombreux parents à nous demander quelle relation auront nos enfants allergiques avec la nourriture. Seront-ils plus sujets aux troubles alimentaires ? On pourrait penser que oui vu que la nourriture est amenée à leur faire peur. Mais, dans un sens, ils ont aussi tellement conscience de leur santé et leur bien être, de ce qu’ils doivent manger ou non. En outre, ils sont tellement responsables que j’ai tendance à penser que ça contrebalance un peu. 
Pourquoi ne l’ai-je pas retravaillé et publié ? Sûrement parce qu’il ne disait pas tout ce que je ressentais réellement. Très certainement parce que je n’arrive pas à pointer du doigt la véritable trouille qui me bouffe en tant que mère d’une petite allergique.
Le drame d’une petite fille de neuf ans diabétique a déterré ces angoisses que j’avais bien sagement enfouies. Elle s’est suicidée ne supportant plus sa maladie. Cela doit déjà toucher n’importe quel parent, mais dans le cœur des parents d’enfants « différents » cela résonne. Les parents de ceux qui souffrent, de ceux qui sont privés, comprennent.
Alors oui en l'apprenant, on n’a de cesse de répéter que « ce n’est pas grave il y a pire »… Oui, il y a pire. Il y a toujours pire. Devoir supporter de regarder son enfant souffrir… Oui, il y a déjà pire… Notre enfant le vit. Nous ne sommes que « spectateurs ». Donc, merci, mais j’ai déjà un exemple sous les yeux de ce pire pour savoir relativiser. Qui plus est, j’ai totalement conscience des autres « pires » qui existent… Mais cela ne retire en rien la souffrance que je ressens.
Mais pour nos enfants… Vivre en n’ayant pas le droit de manger ce que l’on veut. Vivre en pensant que la moindre bouchée peut vous tuer. Vivre en faisant attention à chaque instant. J’essaye de faire tout mon possible pour ne pas que cela soit trop lourd ou douloureux pour Chiara. J’essaye de tout mon possible de lui donner les clefs pour que ses allergies soient un réflexe, comme mettre la ceinture en montant dans une voiture, regarder à droite et à gauche avant de traverser… même quand le bonhomme est vert. J’essaye mais je me dis toujours est-ce que je fais bien ?
Quel rapport à la nourriture vont avoir nos enfants différents ? Quel rapport à la vie vont-ils avoir ? Nous ne savons pas et nous avançons presque à l’aveugle en espérant éviter les obstacles sur notre route et surtout ne pas se tromper de chemin. 
Je suis bouleversée par ce drame. 
Chez moi il fait exploser mes angoisses de mère.
Chaque parent souhaite que son enfant soit épanoui. Chaque parent angoissera pour savoir s’il ne fait pas de terribles erreurs… Aucun parent ne devrait vivre tout ça. Aucun enfant ne devrait souffrir. Maintenant la réalité est tout autre et nous pouvons, TOUS, faire qu’un enfant, différent ou non, se sente bien dans sa vie. Un sourire, une main tendue, une phrase blessante qu’on se retiendra de dire… Des fois c’est aussi simple que ça et c’est à la portée de chacun de nous. 

Merci de m’avoir lue".

Julie

6 commentaires:

  1. C'est très juste ce que tu dis. On dirait parfois qu'on est dans la survie permanente. Et pourtant, comme tu l'as souvent dit aussi, nous avons aussi de bons moments. Et puis des moments gourmands. J'adore quand Malo est marmousé de chocolat !! Ca me rappelle que oui, il est bien vivant, il est tout chaud comme un petit oiseau. Je le regarde dormir, aussi. Je me dis que son sommeil doit être un refuge parfois, plus que pour quiconque dans cette maison. Il est vivant, ils sont bien vivants. Et nous sommes là pour veiller sur eux et leur apprendre à le faire, aussi. Et on y arrivera.

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  2. oui quel rapport a la nourriture auront ils ? comment s'est transformé le notre déjà ? moi je ne fais pas d'allergies alimentaires mais je mange comme... plein de trucs me donnent la nausée... c acquis pour moi certains aliment sont = poison, pas bon, dangeureux.. comme on mange pas un champignon vénéneux qui pourrait nous rendre malade ou pire... avoir raison de nous..

    Quelle rapport a ma fille aujourd'hui ? un peu le meme je suppose mais elle prend plaisir a manger les bonnes choses et ça ce n'est pas rien !
    et pour qu'elle garde un bon rapport a la nourriture, je voudrais entretenir ça et lui apprendre ce qui est bon, comment bien manger.

    j'espere que l'alimentation changera, qu'un jour les industriels voyant qu'il y a de plus en plus d'allergiques feront des effort, un jour tout le monde mangera comme nous, plus sainement, du fait maison etc... la façon de manger a évoluée et est responsable en partie des allergie, elle pourrait encore évoluer...

    L'autre jour dans un restaurant le jeune homme qui nous a servi était lui meme allergique alimentaire ! Alysse s'en foutait, en fait ça la gonfle, elle a pas trop envi d'en parler (sauf pour passer dans le journal et devenir une star lol) mais ce jeune homme a dit "je me rappel de l'hopital, elle fait les test sur les bras aussi ?" "j'avais une trousse avec une piqure a faire dans le coeur" "aujourd'hui ? ben ça ne me gene pas, je sais ce que je ne dois pas manger et je ne le mange pas et tout va bien ! je vis normalement !" ça a fait plaisir a entendre, ce jeune homme s'est adapté c'est devenu naturel, il gere sans meme y penser. alors j'espère réussir ça avaec ma fille. c'est dur pour le moment a cause de l'école etc mais elle ira pas a l'ecole toute sa vie, je vais l'aider a passer cette période critique et je pense a tout ces enfants pour qui s'est pas facil et je pense a cet enfant diabétique, pas si différente au fond... chacun vie ça avec sa sensibilité et c'est pas toujours facil.. courage a tous !

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  3. Bouleversant « fait divers » ! On ne peut s'empêcher de penser à nos petits...

    Quel dysfonctionnement au rapport à l'alimentation peut développer nos enfants compte-tenu que dès tout petit le fait de se nourrir est synonyme de danger et de mort et surtout comment peut-on y remédier, nous parent, dès à présent ?

    Jacinthe, si tu as des réponses, on est preneurs.

    J'avais déjà entendu qu'il y avait plus de dépressions compte-tenu de l'exclusion sociale que représentent ces maladies.

    Bon pour l'instant ils sont bien en vie, bien vivants alors profitons de l'instant présent.

    Merci pour tout.

    Bon dimanche.

    Isabelle

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  4. Oui profitons et apprenons leur à manger autrement, sans qu'il soit seulement question de privations : de nombreuses personnes non allergiques, pour des questions de santé, se penchent sur d'autres modes d'alimentation... ce sont de petits précurseurs... essayons de faire en sorte que le plaisir reste primordial aussi ;)...
    Allez les mamans, à vos fourneaux !!! (dit-elle ^^)

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  5. Mon cœur de mère se sert en vous lisant.

    Je mange "différemment", pas tout le temps mais "juste" pour raisons de santé, et par plaisir aussi. Pas d'allergies chez nous mais de l'asthme pour loulou et des problèmes articulaires pour moi.

    L'autre soir, quand j'ai reçu ma belle-sœur, allergique au lait de vache, j'ai été heureuse de pouvoir m'adapter facilement. Lait de soja, lait de coco : elle a pu manger de tout.

    A nous, les non-allergiques, d'apprendre aussi à cuisiner autrement pour réduire les exclusions... et le sentiment d'exclusion.

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  6. Quel beau message Anne-Liesse, qui nous touche vraiment vraiment. Merci ;)

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Vos ptites causeries c'est par là...

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