jeudi 2 septembre 2010

Le bon, la brute et la gourde




Je me suis tordu les doigts comme une môme tout à l’heure à défaut de faire autre chose comme par exemple étrangler quelqu’un d'imaginaire.
Nous étions anxieux aujourd’hui : Malo prenait son goûter dans la cour de récréation, au beau milieu de centaines d’enfants peut-être tous couverts d’arachide, de blé, d’œuf, de lait, de moutarde…
Nous attendions, j’attendais qu’il nous raconte cette partie de sa journée, il nous a parlé de son travail, de son travail et de son travail… de ses cartes Pokmachin, de tas de choses sauf de cela malgré notre insistance.
Et puis ce soir, à l’heure du tartinage cortisonique merdique méga giga épidermique pour moi bref. A l’heure du tartinage donc, alors que j’en étais à sa deuxième gambette, il s’est mis à me raconter…
« Tu sais, la grande, elle a marché comme ça, PLAF sur ma compote. »
Moi la mère outrée, choquée, sur les dents en permanence et prête à bondir comme un félin (si on omet que je ne suis pas aussi souple, ni aussi svelte et patati et patala) sur le premier qui égratignerait mon petit (alors imaginez… mon petit, malade…), je l’écoute me raconter la suite haletante et pétrissant sa guibole façon geste décompressif…
« attends explique-moi Malo, je ne comprends pas comment « la grande » a pu marcher sur ta gourde de compote »
Et mon petit garçon tout penaud « ben elle était par terre ».
Là mon sang ne fait qu’un tour vous imaginez bien pour ceux qui me connaissent : maniaque et maman d’un petit garçon si fragile… « mais bon sang Malo que faisait ta gourde de compote par terre ?!!! » et de lui refaire une leçon sur l’hygiène dans l’absolu et l’hygiène stricte que lui doit respecter, un peu étranglée…
« mais maman, il fallait que j’ouvre mes gâteaux (eh oui… ça aussi, des gâteaux sans emballage, même pas en rêve) et je n’arrivais pas… alors j’ai posé ma gourde par terre »…
Puis les larmes aux yeux « et là, la grande elle a marché sur ma gourde » et devant mon air furibond (je me suis accrochée à ma ceinture de jean pour ne pas faire des bonds dans la salle de bain) « mais sa maîtresse l’a disputée ».
Re crémage de la maman-qui-rumine contre la connerie humaine, la méchanceté précoce, la naïveté, la gentillesse, la fragilité de son petit garçon et qui enrage, qui enrage…
« ben Malo qu’est-ce que tu en as fait de ta gourde ? » en frictionnant le petit dos. Petite voix de souris « ben je l’ai mangée… ». Je crois que j’étais si blême que le silence était de plomb à cet instant là… et si triste et si en colère…
« mais après je l’ai jetée hein, tu sais j’avais faim moi… ».
Je passe sur les explications en long en large et en travers sur re-l’hygiène Malo, ta maladie bon sang…
Et ce soir une fois de plus je suis triste.
J’aurais voulu qu’il lui écrase sur la figure sa gourde, qu’il la peinturlure avec et qu’il fasse une danse de sioux autour, qu’il l’attache au poteau qui sert à rien au beau milieu de la cour et qu’il fasse la danse de la guerre autour avec une machette et des plumes multicolores partout et que d’un cri il la pétrifie et que son sang se glace.
Et qu’elle ne recommence plus jamais. JAMAIS.

Parce que je ne m'autorise pas à aller donner des leçons pour qu'on éduque les enfants dans la cour de récréation, je n'ai pas envie une fois de plus de passer pour une emmerdeuse, pas envie de priver Malo d'une récréation "comme les autres", je veux bien pardonner des jeux de gosses... qui pourraient peut-être un jour ne pas pardonner.

1 commentaire:

Vos ptites causeries c'est par là...

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