Les Maternelles : Isabelle nous raconte

"Bonjour à tous et toutes

Rebecca, une journaliste des maternelles de France 5 m'a sollicitée pour témoigner dans une émission programmée lundi 22 mars dans le cadre de la Journée Française de l'Allergie.

Le thème est « les allergies alimentaires : lorsque le quotidien devient un enfer ! ». Je me suis sentie tout de suite concernée par ce thème et j'ai donc accepté.

Je suis la maman d'un adorable petit garçon, Raj Nicolas, juste un tout petit peu trop allergique à mon goût puisqu'il est allergique aux oeufs, au blé, au gluten, aux arachides et aux épices. Et puis à pleins d'autres choses encore mais seules les allergies alimentaires étaient retenues pour l'émission et surtout le « côté technique » de la chose.

Nous nous sommes rendus sur 4 lieux différents : la cantine, la classe, chez nous et dans un magasin spécialisé pour les allergies.

Ont été filmés :

A la cantine : Panier-repas, boîtes hermétiques, plateau, mon fils en train de déjeuner et sûrement plein d'autres choses encore dont je n'ai pas connaissance puisque j'ai demandé à ne pas être présente lors du déjeuner. Mon fils n'aurait pas compris pourquoi j'étais là et aurait certainement voulu repartir avec moi.

Dans la classe : Boîte pour le doudou et la sucette, porte-manteau isolés des autres enfants.

Chez nous : Ustensiles de cuisine séparés (passoire, cuillère en bois), ses aliments enfermés dans des boîtes, double grille-pain, pâte à modeler spéciale, nous en train de cuisiner des biscuits en 4ème vitesse parce qu'il fallait faire très vite.

Dans le magasin spécialisé pour les allergies : Produits vignettés ou non, détail des ingrédients, facture (55,64 € pour 15 produits).

Cela aurait été bien d'aller dans un magasin « normal » et de montrer tout ce qu'on prend et qu'on repose faute de pouvoir acheter les produits contaminés...

J'aurai bien voulu que le reportage fasse état du fait:

* que je doive toujours être joignable pour pouvoir intervenir d'urgence en cas de besoin,

* que je fuie les lieux où mon téléphone portable est hors réseau,

* que je choisisse nos lieux de déplacement en fonction de la proximité d'un hôpital ou non,

* que je sois aux aguets au moindre changement d'environnement et au moindre contact alimentaire avec les autres,

* qu'il me faille connaître par coeur les allergènes et leurs différentes dénominations,

* qu'il me faille apprendre à cuisiner différemment, avec des produits qui m'étaient complètement inconnus jusqu'alors tels que l'amaranthe, le millet, le sarrasin, l'agar agar, l'arrow root,

* que je n'aie pas le droit à l'erreur parce que le risque vital peut être engagé,

* que je restreigne l'alimentation du fait que les fabriquants se couvrent avec les mentions : « traces éventuelles, est fabriqué dans un atelier qui utilise, peut contenir des traces de… »,

* que j'aie à surveiller non seulement l'alimentation mais également tout ce qui est en contact avec mon fils : les produits de soins dermatologiques et cosmétiques, les shampooings, les vaccins, les médicaments,

* que ce soit dur de voir son fils ne pas pouvoir partager les mêmes moments de convialité,

* que mon employeur m'ait refusé une diminution de 10 % de mon temps de travail alors que mon fils est exclu des garderies du matin et du soir et que je ne peux ainsi pas effectuer mon temps de travail,

* qu'on connaisse par coeur l'hôpital pour y faire un petit séjour chaque mois,

* que je sois toujours chargée comme un âne avec mon sac à dos contenant la trousse à pharmacie d'urgence et les boîtes à casse-croûte, au cas où,

* que je doive expliquer, re-expliquer, alerter du danger,

* que je doive toujours me battre pour obtenir les droits, etc, etc.

C'est plutôt ça mon enfer au quotidien.

Et bien sûr, j'avais tout prévu pour évoquer également le Hérisson Bleu ! Son action, le soutien que vous m'apportez par le partage d'un même vécu (et quel vécu !). Loupé ! Ce sera pour une prochaine fois.

Bon j'ai quand même réussi à dire notamment que tout mon temps et mon argent étaient consacrés à gérer les maladies de mon fils, que cela revenait très très cher, qu'il était difficile de ne pas être secondée par la famille et les amis puisque ceux-ci ne prennent pas le risque de garder mon fils (et je les comprends mais qu'est-ce que cela me rendrait service !).

Enfin bref, comme je dis toujours, parce qu'il y a quand même des "+" dans tout ça : il a une excellente alimentation puisqu'il n'a pas droit à toutes ces cochonneries industrielles, on n'attend pas à l'hôpital puisque ce sont toujours des interventions en urgence et à peine franchie une porte, tout le monde connaît ses particularités !

Qu'est-ce que je vais m'ennuyer lorsqu'il sera guéri !

Je ne sais pas ce que donnera ce reportage, il m'a été difficile d'être filmée sous tous les angles sans grandes marges de manoeuvre (Coupez ! On la refait !) mais si cela pouvait ouvrir les yeux à tous ceux et celles qui trouvent qu'on exagère en prenant de telles précautions et qu'on surprotège nos enfants...

Je n'aurai pas l'occasion de visionner l'émission en direct mais dès que je l'aurai vue, j'aurai peut-être bien des petits commentaires à ajouter.

A bientôt et bonne continuation à vous tous et toutes.

Allergiquement vôtre.

Isabelle"